JEAN ZIEGLER
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JEAN ZIEGLER
Lesbos, la honte de l'Europe

"Dans l’idéologie « humanitaire » des têtes de mule de Bruxelles, Frontex tient un rôle central. Rescue and Secure… Quelle hypocrisie ! Le principal agent de la chasse aux requérants d’asile n’a rien – mais strictement rien – d’un « sauveteur ».». Les bateaux de Frontex sont des bâtiments militaires équipés militairement. À leur bord ne se trouvent ni médecins, ni infirmières, ni nageurs de secours, mais des policiers et des gendarmes recrutés dans les différents États membres de l’UE."

 


"À la demande de l’UE, les industriels de l’armement ont développé une technologie ultraperformante pour assurer l’efficacité de la chasse à l’homme le long des frontières de la forteresse Europe. Eurosur (European Border Surveillance System, Système européen pour la surveillance des frontières), une autre instance de l’UE, recourt notamment à des satellites géostationnaires, positionnés au-dessus de la mer Égée, du détroit de Gibraltar, du Sahara et de la Méditerranée centrale. Par ailleurs, des drones ultraperformants surveillent jour et nuit les mouvements des réfugiés et des migrants sur mer comme sur terre. Personne ne leur échappe. De même, les radars au sol permettent une observation permanente des colonnes de persécutés évoluant sur la terre ferme. Des systèmes de sensors secrets sont également installés le long des côtes et des frontières terrestres. L’un des cauchemars de Frontex est suscité par ces poids lourds qui transportent enfants, femmes et hommes clandestins sur les routes du nord de la Grèce ou de la Bosnie-Herzégovine. Une nouvelle technologie permet de les détecter : il s’agit de scanners aux rayons X et d’autres appareils hautement sophistiqués permettant de capter et de décompter les battements de cœur et la quantité d’air respiré. Ces appareils sont extrêmement onéreux : un scanner de camion, par exemple, coûte environ 1,5 million d’euros. Pour les bureaucrates de l’UE, il ne fait pas de doute que le contribuable européen est heureux d’assumer les montants astronomiques qu’il paie pour l’acquisition de tous ces gadgets… puisque ceux-ci le protègent des réfugiés. L’inventivité des fabricants d’appareils de surveillance financés par l’UE ne connaît pas de limites. Le long du mur qui sépare le nord-ouest de la Syrie de la Turquie, les Turcs – encouragés par Bruxelles – ont ainsi installé des appareils à déclenchement automatique de tirs de mitrailleuses. L’être humain qui approche à 300 mètres du mur entend d’abord en trois langues, et à plusieurs reprises, un avertissement lui ordonnant de faire demi-tour. S’il continue d’avancer, il est tué par la mitrailleuse dont le tir se déclenche automatiquement. Ces mitrailleuses à tir autodéclenché se révèlent particulièrement efficaces contre les familles de réfugiés. Elles sont l’un « des produits phares défendus et vendus à Bruxelles par Dirk Niebel et ses semblables.
L’événement commercial de loin le plus important pour la promotion de la technologie de surveillance et de répression des réfugiés est la foire annuelle de Milipol, à Paris. Les ministres s’y pressent. Pour l’heure, ce sont encore les industriels israéliens et américains qui dominent ce marché. Jakob cite les calculs qu’a effectués la société de conseil Frost and Sullivan : les dépenses totales investies dans le développement de ce que les eurocrates appellent la « technologie des frontières » s’élèvent aujourd’hui à 15 milliards d’euros. Elles atteindront 29 milliards d’euros en 2022. Tout cela au profit des marchands de canons – et aux frais du contribuable européen."

"Alors que j’exerçais comme rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation, j’ai parcouru la Rocinha, la plus grande favela de Rio de Janeiro, les slums des Smokey Mountains de Manille et les puantes shantytowns de Dacca, au Bangladesh. Mais jamais je n’ai été confronté à des habitations aussi sordides, à des familles aussi désespérées que dans les Oliveraies de Moria. "

(Et le Covid-19 a bon dos: EHESS: crime contre l'humanité )


 

JEAN ZIEGLER
Destruction massive
Géopolitique de la faim

"L'aveuglement, tout au long de la guerre, du haut-commandement allié face à cette stratégie nazie de contrôle, puis de destruction par la faim de certaines populations occupées me sidère.
A Buchenwald, ce qui m'a frappé, c'est cette ligne unique de chemin de fer, ces rails couverts d'herbe et de fleurs des champs qui, d'une façon presque bucolique, serpentent à travers l'attachant et doux paysage de la Thuringe.
Aucun bombardier américain, anglais ou français ne l'a jamais détruite.
Les trains de déportés - très normalement - continuaient à arriver au pied de la colline.
Certains de mes amis ont visité Auschwitz : ils sont revenus avec la même révolte au cœur, le même sentiment d'incompréhension : l'unique ligne de chemin de fer approvisionnant quotidiennement - et jusqu'au début de l'année 1945 - cette usine de mort est retée parfaitement intacte."



 

"Qui sont les puissances de l'agroalimentaire, qui contrôlent aujourd'hui la nourriture des hommes ?
Quelques sociétés transcontinentales privées - nous l'avons vu - dominent les marchés en question. Elles décident chaque jour qui va mourir et qui va vivre. Elles contrôlent la production et le commerce des intrants que doivent acheter les paysans et les éleveurs (semences, produits phytosanitaires, pesticides, fongicides, fertilisants, engrais minéraux, etc.). Leurs traders sont les principaux opérateurs dans les commodity stock exchanges (les bourses des matières premières agricoles) du monde. Ce sont elles qui fixent les prix des aliments.
L'eau est désormais en grande partie sous le contrôle de ces sociétés.
Depuis peu, elles ont acquis des dizaines de millions d'hectares de terres arables dans l'hémisphère Sud.
Elles se réclament du libre marché qui serait gouverné par des « lois naturelles ». Or, il n'y a rien de «naturel» dans les forces du marché. Ce sont les idéologues des sociétés transcontinentales (des Hedge-Funds, des grandes banques internationales, etc.) qui, pour légitimer leurs pratiques meurtrières et apaiser la conscience des opérateurs, donnent ces « lois du marché » comme naturelles, s'y réfèrent en permanence comme à des « lois de la nature »."

"Toutes les cinq secondes, un enfant de moins de dix ans meurt de faim; des centaines de millions souffrent avec leurs parents de sous-alimentation permanente. Or l'agriculture mondiale pourrait nourrir près du double de l'humanité. Jean Ziegler propose un état des lieux documenté, vibrant de la connaissance acquise sur le terrain, et identifie les ennemis du droit à l'alimentation. Nulle fatalité à cette destruction massive! Un enfant qui meurt de faim est un enfant assassiné."

«Notre solidarité totale avec les centaines de millions d'êtres humains subissant la destruction par la faim est requise. »


JEAN ZIEGLER
La haine de l'Occident

Depuis des siècles, l'Occident tente de confisquer à son seul profit le mot « humanité ». Dans son magistral ouvrage L'Universalisme européen. De la colonisation au droit d'ingérence, Immanuel Wallerstein reconstitue les étapes historiques de la constitution de cette « humanité ethnocentrique ».
L'Occident est un potentat qui s'ignore, dit-il. Son passe-temps favori consiste à donner des leçons de morale au monde entier. Sa mémoire est de pierre. Elle se confond avec ses intérêts économiques.
Son arrogance l'aveugle. Depuis longtemps, l'Occident ne se rend plus compte du rejet qu'il suscite.
C'est qu'en matière de désarmement, de droits de l'homme, de non-prolifération nucléaire, de justice sociale planétaire, il pratique en permanence le double langage.
Et le Sud répond par une méfiance viscérale. Il regarde comme un schizophrène cet Occident dont la pratique dément constamment les valeurs qu'il proclame.
La stratégie du double langage paralyse la négociation internationale. Elle rend impossible la défense collective du Sud et de l'Ouest contre les dangers mortels qui, pourtant, les menacent tous les deux.



"Au début de ce millénaire, sur une planète qui regorge de richesses, un enfant de moins de dix ans meurt toutes les cinq secondes. De maladie ou de faim.
La guerre économique fait rage.
L'humiliation, l'exclusion, l'angoisse du lendemain sont le lot de centaines de millions d'êtres humains. Surtout dans l'hémisphère Sud. Pour eux, la Déclaration universelle des droits de l'homme, la Charte des Nations unies ne sont que des paroles creuses.
Comment responsabiliser l'Occident et le contraindre à respecter ses propres valeurs ? Comment désarmer la haine du Sud ? Dans quelles conditions concrètes le dialogue peut-il être amorcé ?
Comment construire une société planétaire réconciliée, juste, respectueuse des identités, des mémoires et du droit à la vie de chacun ?
Mon livre voudrait mobiliser des forces pour contribuer à la résolution de ces questions et tenter de mettre un terme à la tragédie."

"Dans l'hémisphère Sud, les épidémies, la faim, l'eau polluée et les guerres civiles dues à la misère détruisent chaque année presque autant d'êtres humains que la Seconde Guerre mondiale en six ans.
Comment rompre avec ce système destructeur ? Comment transformer la haine qu'il alimente en une force historique de revendication de justice et de libération victorieuse ?
D'abord par la reconstitution mémorielle, par la reconquête de l'identité, par la prise de conscience des droits humains, par la construction nationale dans les pays du Sud..
Dans ce livre, j'ai longuement traité de la nécessité, pour les peuples, de s'attacher à la récupération de leur identité et à la renaissance de leur mémoire historique."